SĂ©oul est-elle la ville la plus collaborative du monde ?
Top ! Je suis une ville
hébergeant le siège de grandes multinationales, mon niveau de vie est très
Ă©levĂ©, j’ai le quatrième PIB pour une aire urbaine du monde après Tokyo, New
York et Los Angeles, je suis une destination touristique, je suis un exemple en matière de
ville collaborative, je contredis l’idĂ©e selon laquelle plus on est petit, plus
on est agile, je suis ? Je suis ? Je suis ?...
Lors de son Ă©lection en 2011, le nouveau maire de SĂ©oul
Park Won-Soon, rĂ©cupère une citĂ© de 10,3 millons d’habitants avec des dossiers peu
rĂ©jouissant Ă rĂ©gler. L’agglomĂ©ration est devenue très grande trop rapidement, et
connaît une crise de croissance. Embouteillage, pollution, épuisement des
ressources, prix de l’immobilier Ă©levĂ©, perte de sens et de liens (le taux de
suicide Ă©tait prĂ©occupant). Les sujets Ă l’ordre du jour des premiers conseils
municipaux pour les Ă©quipes de l’ancien avocat des droits de l’homme,
écrivain et militant anti-corruption devenu maire de la troisième plus peuplée
mégapole au monde, sont très préoccupants. Là où certains bégaient des
politiques manifestement et malheureusement inefficaces, Park Won-Soon projette
de redonner Ă SĂ©oul une humanitĂ© qu’elle semble avoir perdue dans
l’hyper-consommation, c’est la naissance de la « Sharing city »
(ville partagĂ©e). C’est fou, audacieux, mais tous les sportifs vous le diront,
parfois la meilleure façon de marquer, c’est le contre-pied.
Conduit par le bureau innovation
de la ville, la démarche vise à optimiser les ressources et les budgets publics
tout en créant des emplois, des revenus supplémentaires, en limitant les
problématiques environnementales, en luttant contre le gaspillage de ressources
et la surconsommation, et en travaillant sur la création de lien social. Un
comité de promotion du partage est créé pour promouvoir cette logique dans tous
les secteurs, académiques, juridiques, médiatiques, médical, dans les
transports ou la santĂ©, etc. Cela se traduit par exemple par la mise Ă
dispositions des vĂ©hicules municipaux pour l'auto-partage l’ouverture des
places de parking dans les lieux municipaux inutilisés la nuit et le week-end,
la mise en relation des habitants ayant des chambres disponibles avec des
Ă©tudiants en recherche de logement. De nombreuses initiatives locales sont
encouragées, ainsi 779 immeubles ont été ouverts au public pendant les heures
d'inactivitĂ© pour accueillir des Ă©vĂ©nements, des rĂ©unions… ils ont Ă©tĂ© utilisĂ©s
plus de 22 000 fois en un an ! Pour faciliter la croissance de cet
écosystème, la municipalité coréenne a établi un cadre juridique et valorisé
une plateforme ShareHub qui recense 120 start-up de l’Ă©conomie collaborative. Ainsi
la réduction de dépenses des ménages ne réduit pas la consommation puisque tout
est partagĂ© ou utilisĂ© le plus efficacement possible. La « Sharing city »
n’est pas un concept novateur sorti d’un chapeau scandinave, français ou grec,
Park Won-Soon s’est simplement replongĂ© dans l’histoire de son pays et s’est
appuyĂ© sur des traditions perdues avec la mordernitĂ©. Pendant des siècles le Poomasi et le Dure permettaient aux corĂ©ens de collaborer et d’Ă©changer du
travail (coopérative), des articles et de la nourriture. Imaginez donc les
possibilitĂ©s de partage de la capitale du matin calme avec l’utilisation des
services contenus dans Smiile. LĂ ce n’est plus seulement le
soutien de l’Ă©conomie collaborative, mais l’organisation de celle-ci ! Pour
relever ce challenge, trois ingrédients sont nécessaires : un réseau de
télécommunication de qualité, des interfaces (applications, sites Internet) et
le plus important, une volonté politique. Si une gigantesque ville que Séoul
compte y arriver, qu’en sera t-il de la vĂ´tre ? Oserez-vous relever le
défi de la ville partagée ?